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Un village de caractère

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Apprécié pour son charme indéniable, le village de POUCHARRAMET est à découvrir tranquillement : La place, ombragée par ses marronniers, séduit d’emblée le promeneur ; elle est voisine de l’école, de l’église et de la mairie. Les noms des rues vous feront deviner un riche passé historique. Le four à pain, le « travail », la cabane en « terre et paille », intrigueront les enfants ; les maisons à colombage, les « maisons de maîtres », le lavoir, les anciennes fermes de village (Maison de la Terre, salle de la Commanderie) sont également de beaux témoignages du passé.

L’église du 13ème siècle, classée monument historique, vaut à elle seule une bonne escale. Un livret de visite est disponible dans l’édifice.


Le « Sentier des Hospitaliers » offre aux randonneurs une boucle les menant jusqu’aux portes de Rieumes et leur permettant de longer le lac de retenue de la Bure (le panneau de départ est situé sur le parking de la Commanderie). Le tout récent « Sentier du Touch », se dirige quant à lui vers le sud en longeant le cours d’eau, jusqu’aux portes de Bérat.

 

 Chapitre 1: Histoire de Poucharramet

Erigé sur une modeste butte, à l’extrémité sud de l’ancienne et vaste forêt de Bouconne, le village de Poucharramet doit son nom à cette situation sur une « hauteur boisée » (« Podii Remigii » qui deviendra « Podio Arrameto », « Pucharrameto », puis Poucharramet).

Ce territoire fut occupé dès la préhistoire, comme en témoigne l’importante présence de quartzites taillés, trouvés dans plusieurs champs de la commune.

Quelques fragments de tuiles attestent aussi d’un habitat gallo-romain.

Mais c’est en 1102, que commence véritablement l’histoire du village, lorsqu’Aymeric de Muret fait don à l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem d’un vaste territoire (comprenant l’église de Fustillan, aujourd’hui disparue et probablement située à proximité du lieu-dit “Gilet”), afin qu’ils fondent une « sauveté », fassent défricher et labourer les terres par des paysans auxquels on attribue un « casal », et en tirent des profits pour faire vivre l’ « Hôpital de Jérusalem » qui accueille sur les Lieux Saints pèlerins et croisés. Nous sommes en effet en pleine époque des croisades, et les donations à l’Ordre se poursuivent tout au long des XIIeme et XIIIeme siècles, notamment le moulin du Férézat, des terres et des herbages, mais aussi des territoires plus lointains (Lautignac, Castelnau-Picampeau, Saint-Clar, et des terres des vallées pyrénéennes  des vallées d’Aure et de Luchon).

L’église et l’enceinte fortifiée qui abrite la Commanderie sont construites dans le courant du XIIIème siècle (v. chapitre 2).

A proximité s’élève le château seigneurial, bâti à la même époque.

Ainsi , en cette période médiévale, prend forme notre village, autour de deux seigneuries :

La seigneurie religieuse, celle des Hospitaliers (territoires dits de St Jean)

La seigneurie temporelle de Poucharramet et Lèspérès (celle du seigneur)

 

( l’église et le château, côte à côte… ou face à face ?)

         

La cohabitation de ces deux seigneuries n’ira pas sans heurts : Bernard Baron, premier seigneur du lieu, reçoit ses terres du comte de Comminges. Mais la présence de ses voisins Hospitaliers le gêne; aussi les tracasseries, conflits et procès se multiplièrent-ils pendant plusieurs générations.

Aux Seigneurs BARON de RIEUMES succèderont les de MASCARON, puis les de VANDOMOIS. Au milieu du XVIIIème siècle, le château passe aux de JUGOUNOUX [ Membre du Parlement de Toulouse, Valentin de JUGOUNOUX, malgré une grave maladie et un certificat de civisme délivré par l’assemblée municipale  pendant son internement, est envoyé à PARIS pour y  être jugé. Il est condamné à mort sans véritable jugement, et exécuté à la Barrière du Trône le 18 Messidor An Il , (juillet 1794). Il fut ensuite enterré dans une fosse commune au cimetière de Picpus parmi 1306 autres victimes de la Terreur. Ce fut le dernier seigneur de Poucharramet.]

A la formation des cantons en 1790, Poucharramet et Saint-Jean sont deux communes distinctes, mais après une succession de suppressions et de réapparitions, c’est finalement Poucharramet qui demeure à partir de 1814.

Chapitre 2 : L'église

Quelques dates :

1215    Début de la construction

1240    Fin de la construction des murs,

            Construction de la Commanderie (souvent nommée « l’hôpital ») contiguë à l'église

1282    Fin du voûtement (date gravée sur une clef de voûte)

1367    L'église est fortifiée avec chemin de ronde crénelé, mâchicoulis, échauguettes et fossés.

1530    Les Hospitaliers deviennent « Ordre de Malte »

1794    Suppression des signes de féodalité: tourelles et merlons sont rasés, les cloches fondues (sauf une datée de 1715) ; la commanderie est vendue comme bien national

1824    Les fossés sont comblés

1852    Abaissement des fenêtres du chœur,

            Installation des vitraux (atelier L.V. Gesta de Toulouse)

1878    Réalisation des peintures intérieures

            à une date indéterminée au XIX° : construction des 3 chapelles annexées à l'édifice

vers 1900 : Abandon et écroulement progressif du mur de façade de la Commanderie

            et ses huit arcades aveugles.

1906    classement Monument Historique

1943    le dallage de briques  rouges est remplacé par des dalles de calcaire blanc.

 

 

St Martin ou St Jean ?

Il est évident que « Jean le Baptiste » est le dédicataire principal de cette église, construite par les Hospitaliers de St Jean de Jérusalem. L’inscription de la clé de voûte centrale de l’église ne laisse aucun doute sur ce chapitre (v. ci-dessous).

St Martin, légionnaire romain, puis ermite, prédicateur de l’Evangile dans les campagnes et  enfin évêque de Tours, est un des grands saints de l’Eglise. Il est représenté sur un des chapiteaux du portail, partageant sa cape avec un indigent. On parle d’ailleurs habituellement de l’église St Martin de Poucharramet.

 

 

Plus de détails :

 

 L’église de Poucharramet fut donc construite au cours du XIIIème siècle de 1215 à 1282. Elle est de style gothique naissant, d’une seule nef rectangulaire, avec un chœur à chevet plat, sans transept. Elle communiquait par une porte avec l’enceinte de la Commanderie, enclos rectangulaire attenant à l’église côté nord, et résidence du commandeur de l’Ordre (souvent appelée « Hôpital » puisqu’elle recevait probablement des malades et des pèlerins de passage). En 1367, en pleine guerre de Cent Ans, on y ajouta des fortifications, des créneaux, mâchicoulis et chemins de ronde.

 

 

 

 

 

 

La brique cuite constitue le matériau principal ; seules quelques structures (notamment celles du portail), sont en pierre (chapiteaux) ou en marbres (colonnettes).

 

 

 

 

 

La nef est divisée en trois travées ajourées de fenêtres en plein cintre (vestige de l’art roman). Les arcs ogivaux de la voûte, reposent sur des chapiteaux illustrés d’un riche bestiaire : à droite en entrant, deux lions aux corps allongés. Sur le deuxième chapiteau, deux chimères à corps et ailes d’oiseaux, queues de reptiles et têtes humaines. Deux cigognes ( ?) sont sculptées sur le troisième. Du même côté, à l’angle du mur, une tête de bélier. Dans l’autre angle du chœur, une tête humaine. En revenant vers le fond de l’église, sur le second chapiteau, une tête de cheval tient à la bouche des pétioles de feuilles de vignes surmontées de deux grappes. A coté, deux animaux qui s’entredévorent. Puis des têtes plates et, sur le milieu, un hibou, les ailes étendues. Auprès de chaque aile, un reptile qui cherche à mordre. Enfin, une chimère, avec une longue queue terminée par une feuille; sa tête à forme humaine est coiffée d’une mitre.

 

 

(ci-contre, cul-de-lampe invisible de la nef, situé à l’angle sud-ouest de l’église, au dessus de la tribune)

 

 

 

Les clés de voûte :  on peut considérer qu’il y a une progression volontaire dans la succession de celles-ci, leur sujet évoluant du temporel au spirituel. La première en pénétrant dans l’église est ornée d’un blason au milieu duquel se dresse un griffon ailé: peut-être les armes de Raimond de Caniac, prieur de Poucharramet de 1242 à 1253 ? 

 

 

La seconde, fort importante, nous montre un personnage bénissant et auréolé: sans nul doute St Jean Baptiste, (dans une position de la main droite traditionnelle dans toute l’iconographie du saint). L’importance de cette clé de voûte réside dans l’inscription qui figure tout autour (quasiment invisible du sol) : « Sanctus Johannes Baptista  Anno Domini 1282 facta clavis ista » c.à.d. « St Jean Baptiste. Cette clé a été faite en l’Année de Grâce 1282 »

 

 

 

Sur la troisième, celle du chœur, la plus grande, (au dessus du lieu le plus saint de l’église), est représenté l’Agneau Pascal, tenant la croix triomphale (on le retrouve sur la façade du clocher).

En 1878, les murs sont décorés de peintures. Celles du chœur ont été exécutées à l’huile et sont de style néo-roman, et représentent de magnifiques anges ainsi que le Christ en Majesté. Celles de la nef sont de style néo-gothique.

Les vitraux ont été posés au XIXème siècle et sont signés de Louis-Victor Gesta, maître verrier Toulousain.

 

 

 

L’extérieur :

Le portail d’entrée est d’un style ogival très pur. Des colonnettes de marbre sont surmontées de chapiteaux d’une grande finesse: de gauche à droite: un feuillage, un pâtre gardant une truie qjui allaite ses trois porcelets, un combat entre deux chevaliers (les têtes des deux chevaux qui s’affrontent manquent hélas), Saint Martin partageant son manteau avec un pauvre, deux lions qui s’entredévorent, enfin deux chiens dans la même position.

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le clocher-mur, de forme assez commune dans la région, domine l’édifice du haut de ses 30 mètres. Percé de cinq ouvertures de forme ogivale, il abrite un carillon qui comprend 11 cloches, actionnées manuellement le dimanche et les jours de fêtes. La cloche la plus ancienne, seule épargnée par la Révolution, date de 1715.

  

 

 

 

 

L’église de Poucharramet est un édifice important pour le patrimoine culturel et historique de la Haute-Garonne. Cet édifice est classé monument historique le 19 mai 1906.  Il s’agit d’un témoin de près de 750 ans d’âge, en excellant état de conservation, qui mérite attention et visite détaillée.

Chapitre 3 : Architecture

Les maisons et bâtiments publics de Poucharramet sont réalisés à partir de la terre : terre et paille pour quelques maisons à colombages du centre du village, brique de terre crue (en principe réservée aux façades les moins exposées aux intempéries), brique cuite (dite brique « foraine »), et enfin brique et galets. Une briqueterie existait au lieu dit « Le Prieur », en bordure du village. Les galets sont très présents dans de nombreux champs cultivés : ils proviennent de l’ancien lit de la Garonne, et fournirent sur place un matériau de construction non négligeable.

Quelques maisons :

 

Au n° 12 rue Aymeric de Murel, ce long bâtiment du XIXème siècle, en briques foraines, est couvert d’une toiture en tuiles canal, à deux pentes, descendant très bas côté nord. La façade est ordonnée autour de la porte d’entrée, seul le pigeonnier-tour est dissymétrique. La terre cuite est employée pour la décoration de la façade: foraines moulurées et denticulées sur le fronton du pigeonnier, pilastres avec chapiteau toscan, corniche décorée de denticules et de métopes estampés, balcon d’envol des pigeons posés sur des modillons ouvragés, etc...

 

 

 

Située au n°2 de la rue du Vignier de St Jean, cette belle demeure toulousaine en brique cuite, date de 1742.

Son accueillante cour d’entrée est enserrée par des bâtiments en forme de U, complétés par des dépendances. Une terrasse agrémente la façade sud sur toute sa longueur. Des palmiers ont toujours arboré le jardin. Le portail d’entrée et la grille attenante ainsi que les deux tourelles carrées ornée de frontons en plein cintre, lui donnent l’aspect d’une véritable gentilhommière. Pendant l’époque de la Révolution française, un notaire (Maître Antichan) en fut l’heureux propriétaire. En 1795, il fut le second maire élu de Poucharramet.

 

(n.b. : La véritable « Commanderie » mentionnée sur la plaque de cuivre rédigée en occitan, était située en réalité en continuité de l’église).

* Heureux hasard, l’occupant actuel de cette maison, œnologue réputé, habite rue du « Vignier », ce qui nous rappelle que de nombreuses terres de Poucharramet produisirent du vin jusqu’aux années 1980. La famille Azaïs, un des derniers propriétaires, possédait d’ailleurs plusieurs hectares de vigne.

 

La mairie

La mairie, bâtiment en briques, est construite en 1841 sur l’emplacement de la « maison commune » qui existait avant la Révolution.

Sous la halle, à l’emplacement du secrétariat actuel, se trouvait jusqu’en 1889 l’école des garçons, et les instituteurs logeait à l’étage. Les bouchers de Rieumes venaient le dimanche matin vendre leurs marchandises dans une pièce louée par la mairie, située à l’angle de la rue du Château.

 

 

Interprétation possible du blason de Poucharramet :

Ce blason est présent sur un manuscrit de 1568, texte juridique relatant un procès entre le Grand Prieur de Toulouse Pierre de Baulac Trébons et les consuls de Poucharramet.       

Ce blason refléterait la double seigneurie : celle, spirituelle, de l'ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem (devenu ordre de Malte) et, celle, temporelle, des seigneurs.

C'est ainsi qu'il  comporte, d'une part, "en 1 et 4" la croix de l'ordre de Malte (on remarquera tout de même qu’il s’agit plutôt de croix grecques…), et d'autre part, "en 2 et 3" celle des seigneurs de Poucharramet au 15ème et 16ème siècles,

Sur le sens des cercles concentriques, les opinions sont les plus diverses :  rouleau de foin d'or ? besan (monnaie) d'or ? bouclier rond ? une meule de moulin ? La tradition villageoise a adopté cette dernière hypothèse.

 

 

 

 

L’école communale :

 

 

Deux bâtiments la composent, joints par un préau. Tous deux datent du XIXème siècle ; le bâtiment de gauche, légèrement antérieur, est édifié sous le second Empire, grâce à un don fait à une congrégation de religieuses de Sainte-Foy de Peyrolières, pour instruire et éduquer les jeunes filles. C’est donc une école « libre » (confessionnelle). 

 

 

 

 

 

En 1889 est érigé la deuxième construction : l’école publique (bâtiment de droite). Son architecture est très caractéristique de l’époque de Jules Ferry. L’école « privée » disparaît avec la loi de 1905 relative à la séparation de l’église et de l’Etat et devient l’école des filles jusqu’en 1945, encore séparée de celle des garçons par une grille.... Une extension sera réalisée dans les années 1990 pour accueillir les classes maternelles.

 

 

Le domaine de Borret :

 

 

La famille Borret originaire de Lacave en Ariège a donné son nom à ce domaine. Une croix en fer forgé sur socle de briques, marque le bout de l’allée qui mène à la demeure, grosse bâtisse à un étage entourée de bâtiments de ferme. Encastrée à fleur de brique dans le socle en terre cuite, une plaque de marbre où sont gravés le nom Borret et où l’on retrouve le  blason adopté par la commune.

 

L’ancien fournil

Dans cette maison joliment restaurée, au volume ramassé, dotée d’une toiture à deux pentes, se trouvait jusque dans les années 1970 le fournil du boulanger du village.  La structure primitive est datée entre le XVème et le XVIIème siècle.  Du XVIIIème siècle subsiste une fenêtre en arc surbaissé; les ouvertures rectangulaires sont du XIXème siècle. Dans le jardin, sous une toiture à 4 pentes, se tenait une noria à traction animale, destinée à actionner le pétrin. 

 

 

 

La Maison de la Terre

 

La municipalité de Poucharramet a fait l’acquisition en 2004 de ce bâtiment très délabré mais représentatif de l’architecture rurale du Midi Toulousain. La qualité de cet héritage a été préservée grâce à la promotion d’une architecture contemporaine, respectueuse du patrimoine ancien. Cette ancienne ferme du centre du village, est devenue un lieu chaleureux et agréable : la « Maison de la Terre », où réside depuis 2008 un café culturel associatif animé par l’association éponyme. Durant toute l’année ce lieu propose des concerts (chanson, jazz, classique, musiques du monde), des expositions, du théâtre, des conférences-débat, des projections, et d’autres temps forts: les Festivals « Terre de jazz », « Terre de Blues », « Terre de Chœurs », « Kermestival », et en été les A.C.T (Apéro-Concert-Tapas).

 Autres curiosités (à proximité de la Salle de la Commanderie) :

 

Le Métier à ferrer ou « Travail » : Il permettait de ferrer  les bœufs et les vaches d’attelage.  L’animal était placé entre les quatre piliers, la tête prise sous un joug. Deux sangles de cuir passaient sous son corps et permettaient de le soutenir, mais aussi en cas de besoin, de lui enlever ses appuis au sol en le soulevant s’il se rebellait.

À tour de rôle, chaque pied de la bête était maintenu sur un appui en bois (barre de contention) afin que le maréchal-ferrant procède au "brochage", mise en place de semelles de métal sous chaque onglon du pied des bovins.

D’autres accessoires (chaînes, sangles) avaient pour but de maintenir encore plus fermement les bêtes récalcitrantes ou celles qui allaient souffrir. Car ce "métier à ferrer " permettait aussi d’immobiliser les bêtes blessées ou malades afin que le vétérinaire puisse les soigner ou pratiquer des opérations et soins indispensables, en toute sécurité.

 

 

 Le four à pain de Poucharramet, conçu en 1995 par Michel Lajaunie et Marceau Feuille, a été créé à l'occasion de la  16éme Journée du Terroir dont le thème était " A la recherche du pain perdu «. Cette réplique d'un four à l'ancienne a servi durant cette journée à la confection du " larton savonne "  un bon pain parfumé de la région, vieux de deux siècles. Aujourd'hui ce four fait le bonheur des habitants qui peuvent, à la demande, y préparer leur repas.

 

 

Cette rubrique « Historique et Patrimoine » du site de la Mairie de Poucharramet a été réalisée  par H.Laval en 2016 à partir des travaux antérieurs de Mme Burtey et de la famille de Mellis.

Pour en savoir plus sur Poucharramet   :http://poucharramet.canalblog.com